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J’étais en train de lire Heidegger en regardant le fleuve et je me disais que sa vision de l’être n’avait rien d’enthousiasmant, l’Être étant toujours un peu en retrait, échappant à la pensée de l’homme au moment où il fonde celle-ci. Soudain, je pensai que la vision de Heidegger était grise, neutre et monotone, qu’elle laissait encore de la place à cet étant privilégié qu’est pour lui le Dieu transcendant et qu’elle tenait le Dasein à l’écart de l’être. « Ce n’est pas du tout ainsi que je vois l’Être, pensai-je ; ce qui manque à Heidegger, c’est l’intussusception qui seule donne la sensation de l’Être en acte, c’est cette compréhension globale de la poussée êtrique. » Aussitôt, je vis sortir de moi une gerbe d’énergie. C’était comme un geyser qui montait haut. Je compris qu’il me fallait agrandir ce surgissement pour qu’il comprenne le fleuve, les montagnes, la terre, le monde. C’est ce que je fis par la pensée et je réalisai que mon être comprenait tout, que tout était en suspension dans mon être comme pendant une formidable explosion. Je vis clairement que ce qui donne à la vie son spectaculaire dynamisme, c’était la verticalité tonnante de l’Être, c’est-à-dire moi, ma pensée, mon élan, ma super-confiance, ma super-audace, mon exaltation supraconsciente.

 

Format 6X9 / 688 pages
ISBN : 978-2-923541-47-1

UN DEUIL VOLUPTEUX (Journal 1994)

40,00C$Prix
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